AIDANTS
Mon parent âgé déprime : comment l’aider ?
Un mal-être en lien avec le Covid chez la personne âgée ?
Avec l’épidémie de covid-19, les liens ont été distendus pendant de nombreuses semaines et les visites sont encore compliquées, voire impossibles, pour de nombreuses familles. La situation, avec l’isolement des personnes âgées, est donc logiquement génératrice de stress et parfois de tristesse pour les personnes âgées éloignées de leurs proches. D’autres événements de vie comme la perte d’un être cher, l’ennui, la baisse d’activité, le sentiment de ne plus être utile à la société accentuent cette tristesse.
La perte de sommeil, d’appétit, les appels moins fréquents, les « comme tu veux » lancés à chaque suggestion sont autant de réactions susceptibles d’évoquer un mal-être et de vous mettre la puce à l’oreille. Mais comme les personnes âgées ne parlent pas toujours ouvertement de ce qui ne va pas, il vous faudra parfois redoubler de vigilance et de bienveillance pour déceler ces changements d’attitude et proposer votre aide.
Déceler la souffrance psychique chez la personne âgée
« On connaît bien son parent et on sait généralement quand ça ne va pas, explique Laurent Glenisson, psychiatre au centre hospitalier Charles Perrens de Bordeaux. On le sent à l’intonation de la voix, y compris au téléphone, à un changement d’attitude par rapport à d’habitude. La personne âgée peut évoquer une perte de sommeil, d’appétit, mais aussi se sentir découragée ou obnubilée par des choses a priori sans importance.
Dans son document « Le repérage des signes précoces de souffrance psychique », la Haute autorité de santé évoque un « faisceau d’indices » permettant aux professionnels, mais aussi aux aidants d’identifier les signes révélateurs d’une souffrance psychique. Il peut par exemple s’agir :
- d’une dégradation de l’image corporelle, d’un refus d’alimentation ou une perte d’appétit, l’arrêt d’un régime alimentaire conseillé (en cas de diabète ou de cholestérol par exemple, etc.)
- d’un repli sur soi, d’un mutisme, d’une instabilité de l’humeur, de désintérêt dans l’échange, d’un pessimisme par rapport à l’avenir, etc.
- de la mauvaise observance d’un traitement médicamenteux
- d’un désinvestissement d’objets personnels, d’un désintérêt de la gestion financière
- d’une négligence dans l’entretien du logement, etc.
Aidant familial, comment rassurer une personne âgée ?
« Le plus important est de rester à l’écoute et de montrer son intérêt, poursuit Laurent Glenisson. Et si le proche habite loin ou qu’il est plus difficile de se voir, il faut continuer d’appeler, même s’il ne semble pas très réceptif, ressasse toujours les mêmes choses.
Il est aussi important de valoriser son parent, ce qu’il fait de positif, partager avec lui ce que nous vivons et ses émotions, lui dire qu’on pense à lui, qu’on l’aime et qu’il nous manque. Cela peut être difficile et même irritant par moment pour l’entourage qui aimerait que la personne fasse des efforts. Le fait de se sentir inclus dans le tissu social et familial peut faire toute la différence.
» N’hésitez pas à appeler plus souvent donc (notamment en Visio lorsque cela est possible), à envoyer des lettres, des photos et des dessins des petits-enfants. Vous pouvez aussi parler d’ouvrages que vous avez lu ou échanger sur des sujets qui intéressent votre père ou votre mère, suggérer une activité ou une balade pour s’aérer l’esprit et aider la personne âgée à maintenir un minimum d’activité physique.
Fatigue et grand âge : évaluer l’intensité du « coup de mou »
Si la déprime est compréhensible, comme en ces temps troublés d’incertitude liée au coronavirus ou si elle fait suite à un événement difficile, comme la perte d’un proche ou d’un animal de compagnie, pas de panique.
Avec un peu de présence - même à distance - et de temps, votre parent devrait retrouver peu à peu le sourire. Le fait de se sentir triste ou déprimé ne veut pas dire que l’on souffre de dépression. Ces moments de mal être font partie de la vie et il est normal de ressentir un « coup de mou » de temps en temps. Pour pouvoir parler de dépression, et donc de maladie, il faut que cette perturbation de l’humeur s’installe dans le temps et s’accompagne d’autres signes (troubles du sommeil, de l’appétit, fatigue, idées de mort…).
« Indépendamment de la raison apparente du mal-être, il faut être attentif au degré de souffrance et à sa durée, explique Laurent Glenisson. Si malgré une période difficile, la personne âgée continue de manifester de l’intérêt pour ce qui l’entoure, si son humeur s’améliore au fil d’une conversation téléphonique qui avait mal démarrée, c’est plutôt bon signe. En revanche, si rien ne semble lui plaire ou lui faire plaisir au fils des semaines et des mois, c’est plus inquiétant. En cas d’aggravation d’un état émotionnel fragile, il ne faut dans ce cas pas hésiter à faire appel à son médecin traitant. »