BIEN-ETRE
Cancer du sein : les femmes âgées sont aussi concernées
Cancer du sein chez la femme âgée, quels sont les risques ?
Chaque année en France, on recense plus de 58 000 cas de cancer du sein. Un quart d’entre eux concerne les femmes âgées de plus de 75 ans (25 %). « Le cancer du sein peut toucher toutes les femmes adultes, tient à rappeler, notamment aux aidants de femmes âgées, le Pr Carole Mathelin, chef du service de sénologie au CHU de Strasbourg et responsable de la commission sénologie au Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Ce n’est donc pas parce que les femmes vieillissent que les risques diminuent. Après 74 ans, la mortalité peut s’accentuer car les tumeurs sont de taille plus importante et sont malheureusement révélées tardivement. Pourtant, plus le cancer est décelé tôt, plus les chances de guérison sont importantes. »
Comment poursuivre le dépistage passé 74 ans ?
Un dépistage organisé et gratuit avec une double lecture est proposé tous les deux ans aux femmes de 50 à 74 ans. Elles sont invitées à réaliser une mammographie et un examen clinique des seins auprès d’un radiologue agréé. Passé cet âge, les femmes ne reçoivent plus de courrier les incitant à se dépister. Pour autant, le risque de développer un cancer du sein persiste. « Les seins sont denses chez la femme plus jeune, explique le Pr Carole Mathelin, d’où le besoin de double lecture proposée avec le dépistage organisé. Chez les femmes âgées, dont les seins sont essentiellement graisseux, la mammographie est simple à lire. Il est donc normal que le dépistage organisé s’arrête. Mais le dépistage individualisé doit quant à lui continuer. »
Quand consulter son médecin/son gynécologue ?
Les femmes de tous âges doivent régulièrement observer tout changement anormal de leurs seins au niveau visuel et du toucher. L’observation et l’autopalpation peuvent être utiles pour déceler certains symptômes. Mais cela ne suffit pas et la consultation chez un médecin généraliste ou un gynécologue est indispensable tous les deux ans au minimum. Si votre proche âgée observe une rougeur, une grosseur, un écoulement anormal au niveau mammaire ou une douleur, il est indispensable de consulter. Quel que soit son âge, et en cas de moindre doute, elle ne doit pas hésiter à demander une mammographie. Mieux vaut se tromper, que de laisser passer des symptômes susceptibles de s’aggraver et de permettre au cancer de se développer de manière importante.
Aidants : comment en parler avec sa mère, sa conjointe ?
Pas facile de parler de cancer en famille. Pourtant, c’est en libérant la parole et en incitant sa mère, sa conjointe, sa sœur à se faire dépister que le risque d’évolution de la maladie et de mortalité diminue. « Le protocole de soins peut faire peur à certaines femmes âgées, poursuit le Pr Carole Mathelin, mais je peux leur dire que les traitements sont relativement simples, bien tolérés et qu’il y a moins souvent de chimiothérapie. On reste plutôt sur une chirurgie (en ambulatoire quand cela est possible), parfois suivie d’une radiothérapie et d’une hormonothérapie. Cela ne signifie pas que le cancer n’est pas grave, simplement qu’il est aujourd’hui bien soigné. Il n’est pas toujours évident d’évoquer ce sujet en famille, mais le médecin traitant peut être le bon relais pour parler de ce qui reste la première cause de mortalité par cancer chez la femme. » Les aidants étant souvent des femmes de plus de 50 ans prenant soin de leur mère, aller se faire dépister à deux peut être moins angoissant. C’est aussi pour l’aidante un moyen de penser elle aussi à son propre dépistage.
Quelles sont les idées reçues sur le cancer du sein de la femme âgée ?
1-Une femme âgée ne risque pas d'avoir un cancer du sein.
Faux. Le risque de cancer du sein ne diminue pas avec l’avancée en âge. « Les femmes âgées ont une immunité plus faible, certains cancers peuvent donc être très agressifs, confirme le Pr Carole Mathelin. On est parfois face à des formes qui semblent bénignes, mais qui en réalité ne le sont pas. »
2-Si les femmes âgées ne reçoivent plus d’invitation pour le dépistage, c’est que ce n’est plus utile.
Faux. Le dépistage organisé remboursé s’arrête, mais le dépistage individuel doit continuer tous les deux ans. « Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) avec le soutien de la Ligue nationale contre le cancer et l’association Seins et vie (SEVE) avaient proposé une campagne de sensibilisation avec la phrase « Trop vieille pour ça, seuls les autres le croient ». Son objectif était de rappeler que la vie ne s’arrête pas à 75 ans, la surveillance non plus. »
3-Le dépistage, c’est dangereux pour la santé.
Faux. « Il y a un risque d’irradiation chez les femmes de moins de 30 ans, mais pas chez les femmes âgées qui n’ont plus de radiosensibilité, tient à rassurer le Pr Carole Mathelin. C’est-à-dire qu’aucun cancer ne peut être induit par les rayons de la mammographie. »
4-Ma mère est maintenant trop âgée pour qu’on l’embête avec ça.
Faux. À 75 ans, 80 ans ou 85 ans, on a encore de beaux moments à partager (de femme, de mère et parfois de grand-mère), autant donc les vivre en bonne santé. « Plus le cancer est diagnostiqué tardivement, plus la maladie risque d’être grave, insiste le Pr Carole Mathelin. Jusqu’à 85 ans, la première cause de mortalité chez les femmes reste le cancer du sein, pas les autres pathologies (comorbidité) ».
5-Pratiquer régulièrement l’observation et l’autopalpation ça suffit.
Faux. L’observation et l’autopalpation est une méthode de prévention utile à tout âge, même passé 75 ans. Pour autant, « La mammographie permet de détecter le cancer plus efficacement, à un stade plus précoce, ce qui augmente les chances de guérison, conclue le Pr Carole Mathelin. »