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Livraison durable : décryptage d’experte avec Anne-Laure Charpenet

Est-ce que vous pourriez vous présentez en quelques mots ?

Anne-Laure Charpenet, Directrice de la Stratégie Énergie Transport au sein du Groupe La Poste, j’ai pour mission principale d’accompagner la décarbonation de nos activités logistiques. Cela concerne à la fois le transport de colis, via par exemple nos offres Colissimo ou Delivengo, et l’ensemble de la chaîne de distribution. Je suis également Directrice du Programme Impact Écologique Colissimo et Directrice RSE de la filiale Viaposte, spécialisée en transport et logistique.

 

Quels sont les principaux défis à relever pour rendre l’envoi de colis plus responsable ?

L’un des grands enjeux est la transparence. Aujourd’hui, les consommateurs ne savent pas quel est l’impact écologique de leurs achats en ligne ni de leur livraison. Il faut donc leur donner des outils pour mieux comprendre et faire des choix éclairés.

Pour les sensibiliser, nous avons initié une norme expérimentale permettant de mesurer l’empreinte carbone d’un colis, intégrant à la fois le transport et l’emballage. La norme entre dans la charte du e-commerce responsable, portée par l’Etat et l’Ademe. En test actuellement chez plusieurs clients Colissimo, nous prévoyons de la déployer d’ici la fin de l’année.

 

Quels sont les objectifs de décarbonation de La Poste pour les prochaines années ?

Notre indicateur-clé est l’empreinte carbone par colis et notre objectif est ambitieux : 200g CO2 par colis en 2028, contre 281g en 2024, ce qui est déjà la meilleure performance du secteur.

Pour l’atteindre, nous devons décarboner prioritairement notre transport moyenne et longue distance via :

  • l’optimisation des tournées et du plan transport d’acheminement, notamment grâce à l’IA ;
  • l'augmentation de nos kilomètres “bas carbone” : 15% en 2025, 50% en 2030 et 100% en 2040 ;
  • le verdissement de nos flottes de livraison.

Concrètement, cela passe par l'utilisation d'énergies alternatives (biogaz, biocarburants, électricité) et par l’investissement d’ici la fin de l’année dans 34 poids lourds électriques. Le principal challenge sur les poids lourds électriques restant l’autonomie des batteries, qui ne dépasse pas 500 km. Ils nécessitent donc une recharge intermédiaire, un frein pour les longues distances.

 

Quels sont les atouts de La Poste pour atteindre ces objectifs ?

Notre premier atout, ce sont nos dirigeants et actionnaires : la Caisse des Dépôts et l’État. Ils sont très engagés et soutiennent pleinement notre démarche RSE.

Autre atout : le réseau postal. Grâce à notre maillage unique et dense à travers toute la France, nos centres de tri et nos hubs sont situés au plus près des consommateurs. Cette proximité nous permet de réduire la distance du dernier kilomètre, de privilégier des modes de transport doux (vélo, livraison à pied) et d’optimiser notre réseau en mutualisant les livraisons de nombreuses marchandises.

Enfin, contrairement à d’autres acteurs qui dépendent fortement de l’avion pour assurer des livraisons rapides, nous avons supprimé tous les vols intérieurs en France (sauf pour la Corse), ce qui représente une réduction importante des émissions de CO2.

 

Sur quelles innovations travaillez-vous pour aller encore plus loin demain ?

Nous explorons plusieurs pistes technologiques pour décarboner davantage la logistique longue distance. Tout d’abord, le camion hydrogène qui représente une alternative intéressante mais coûteuse. Et les autoroutes électriques, où les camions pourraient se recharger en roulant grâce à des infrastructures dédiées (câbles aériens, induction magnétique sous l’asphalte…). Pour tester ces solutions, nous travaillons avec des start-ups spécialisées.

L’emballage est également un enjeu majeur. Il représente 50% de l’empreinte carbone d’un colis. Nous devons aller vers moins de vide dans les colis, des matériaux plus responsables et plus de recyclage. Colissimo propose déjà des solutions à ses clients pour rendre l’emballage le plus responsable possible.

Cette évolution doit être portée par les entreprises, les transporteurs et les consommateurs, avec une plus grande sensibilisation et des solutions plus accessibles.

 

Livraison rapide et responsabilité environnementale : comment concilier les deux ?

C’est un vrai paradoxe. Les consommateurs exigent une livraison rapide tout en étant de plus en plus préoccupés par son impact écologique.

Notre mission est donc de leur donner toutes les clés pour choisir un mode de livraison vertueux une fois leur article acheté. Pour ce faire, nous les aidons par exemple, à calculer un score écologique, de A à E, qui permet de mesurer l’impact écologique d’une livraison de colis ou d’un envoi de marchandises.

Il faut aussi travailler sur l’acceptabilité des coûts : l’énergie verte est plus chère et les consommateurs ne veulent pas payer plus pour une livraison écoresponsable.

Comment réduire l’impact écologique de vos livraisons de colis ?

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Quel est le mode de livraison le plus responsable aujourd’hui ?

Il n’y a pas de réponse unique, tout dépend du consommateur. Pour nous, il n’y a pas de différence entre une livraison à domicile et hors domicile puisque nous mutualisons nos tournées entre les différents produits La Poste et que nous sommes implantés partout. Nous disposons également du réseau de consignes et de points relais le plus dense de France.

L’empreinte carbone est fortement liée au mode de retrait du colis. Par exemple, en zone urbaine, les consignes automatiques peuvent être une solution intéressante, car elles évitent des livraisons démultipliées et limitent les kilomètres parcourus. En zone rurale, la livraison à domicile peut être plus vertueuse si le dernier kilomètre est effectué en voiture thermique.

 

Quels sont les freins à l’adoption de solutions plus écologiques par les entreprises ?

Le coût reste le principal frein. Les grandes entreprises, qui ont des engagements RSE, ont les moyens d’investir. Pour les PME, c’est plus compliqué. De manière générale, toutes les entreprises ont tendance à privilégier la rentabilité avant d’investir dans des solutions écologiques.

Un autre obstacle est le manque d’infrastructures. Un transporteur souhaitant passer au biogaz ou au biocarburant doit avoir une station dédiée, ce qui représente un coût supplémentaire. Et il existe encore peu de bornes de recharge publiques pour les véhicules de transport.

 

Un dernier message à faire passer ?

La décarbonation est en route chez La Poste et elle ne va pas s’arrêter. Aujourd’hui, nous sommes les meilleurs du marché.

Vous souhaitez réduire l'empreinte carbone de vos envois de colis ?

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